Regards croisés sur la ville américaine Mutations, pratiques et imaginaires urbains des États-Unis
Sous la direction de Karolina Katsika, Daniel Peltzman &
Pascale Smorag
Collection Annales littéraires, N° 986 Besançon : Presses universitaires de Franche-Comté, 2018 Broché. 301 p. ISBN 978-2848676272. 16 €
Recension de Sophie Croisy
Ce volume offre un éclairage interdisciplinaire sur les enjeux spécifiques à la représentation et à l’organisation des espaces urbains états-uniens depuis la fin du XIXe siècle à nos jours. Il met en avant les complexités et contradictions propres aux morphologies urbaines états-uniennes présentées comme étant en mutation constante, une mutation engendrée par des phénomènes économiques, sociaux et culturels contemporains interconnectés que les auteurs et auteures des articles qui composent ce volume analysent en profondeur. La première partie du volume, intitulée « Les pratiques néo-libérales à l’œuvre dans la ville américaine », regroupe des articles qui évaluent l’ascension économique et financière des métropoles états-uniennes, au cours du XXe siècle, dans un contexte de libéralisation économique croissante aux conséquences mitigées sur les politiques urbaines et le paysage urbain, avec notamment la création de zones socio-spatiales aux rôles différenciés qui ont fortement renforcé les inégalités sociales, même si elles ont permis dans certains cas la valorisation et la préservation des patrimoines culturels. Cette section analyse donc le poids de la mondialisation économique sur les politiques urbaines et propose un début d’évaluation des effets radicalement ostracisants de ces politiques sur des populations urbaines dépassées par les enjeux économiques que ces politiques urbaines portent. Cette évaluation est considérablement développée dans la seconde partie du volume, intitulée « Dérives, angoisses et aliénation au sein des villes américaines », section qui regroupe des articles dont les auteur.es évaluent les effets pernicieux du poids des enjeux financiers sur les villes pour les populations qui se voient dépossédées des espaces traditionnellement porteurs de leurs identités, ou pire encore, sont ostracisées et invisibilisées car simplement jetées hors des espaces qui comptent, tels des rebuts de la société de consommation qui régule les agencements urbains. Les concepts de ségrégation spatiale et de discrimination territoriale définis et exemplifiés dans cette section mettent en exergue violences et fragmentations sociales qui sont les conséquences directes de l’imposition d’un conformisme spatial soumis à une économie de marché sans limites ni contraintes. La troisième et dernière partie du volume, intitulée « Résistances et réinterprétations urbaines », regroupe des textes dont les auteurs et auteures insistent sur la fragilisation des communautés socio-culturelles dites minoritaires parmi la population urbaine dans un contexte de développement économique néo-libéral, en abordant notamment la problématique des conflits communautaires qu’engendre le néo-libéralisme appliqué aux politiques urbaines. Cette section met également en avant les phénomènes de résistance aux processus de déshumanisation des espaces et de discrimination sociale relatifs à l’organisation politico-économique imposée des espaces urbains. Ces phénomènes de résistance proposent de nouveaux types d’interactions entre individus et communautés qui ne sont pas dictées par des logiques économiques aliénantes, mais par des besoins humains, communicationnels et de réappropriation par les individus et communautés des espaces cooptés par les acteurs municipaux à la solde du capital, ceci dans une optique à la fois de résistance au capitalisme urbain antagonisant et d’apaisement, de renouvellement des relations socio-culturelles au sein des populations urbaines.
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