La splendeur des Amberson
Booth Tarkington
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacqueline Duplain Collection Libretto Paris : Édition Phébus, 2017 (Édition originale, 1918) Broché. 320 pages. ISBN 978-2369143710. 9,70 €
Recension d’Henri de Montety Université de Budapest
Un instantané du monde ancien
Ce n’est pas le moindre des paradoxes, que l’on puisse lire dans un livre américain une description si attachante du monde ancien. « Les maisons de la petite ville du Midland offraient un charmant coup d’œil. Dénuées de style, certes, mais partant dénuées de prétentions. Et ce qui manque vraiment de prétention aura toujours du style » [11]. « Les tramways, tirés par des chevaux, étaient lents et accommodants. Une dame sifflait à sa fenêtre et on lui laissait le temps de fermer ses volets, de donner des instructions à sa cuisinière, d’enfiler son manteau. Les autre voyageurs ne protestaient pas « car ils réclamaient à l’occasion la même faveur » [13]. « Puis vint le trolleybus et l’on cessa d’attendre les retardataires. Plus les voyageurs étaient transportés rapidement, « moins de temps il leur restait à perdre ! » [13]. Justement, n’allons point trop vite. Il ne faudrait pas non plus penser que les gens d’autrefois étaient parfaits. Ils étaient différents. Ou peut-être pas tant que ça. Dans cette petite ville du Midland, ils étaient volontiers cancaniers. Dans le monde économe des fils et petits-fils de pionniers, la fortune du major Amberson éclata « comme une fanfare de cuivres » [16]. Elle fut un objet à la fois d’« orgueil et de jalousie » [16]. C’est-à-dire que les Amberson se distinguaient des rangs ordinaires, mais ils restaient intégrés dans un monde qu’ils ne modifiaient pas, ou très peu, par exemple par l’introduction de l’huile d’olive dans l’assaisonnement de la salade (pratique dont on parlait dans la ville en chuchotant). En trois générations, pas une de plus, les Amberson parvinrent à produire un parfait gentleman, le jeune Georges Amberson Minafer, appelé Georgie. Déjà, ses oncles étaient sur la voie. L’aîné, Sydney, avec son épouse Amalia, rêvait de devenir « ministre, ou ambassadeur, ou quelque chose de ce genre, en Russie ou en Italie » [45]. Hélas, l’auteur fait une description catastrophique du futur couple d’ambassadeurs « aussi royaux que de faux souverains dans une pièce de théâtre » [45]. Encore un effort : l’oncle Georges était plus brillant, mais dilettante. Après avoir été membre du Congrès, il ruine sa fortune en investissements hasardeux et termine, finalement par manque d’énergie, consul honoraire célibataire on ne sait où à 1800 $ par an. Sydney, au moins, est parvenu à temps à s’installer en Italie avec sa part d’héritage et termine sa vie dans les fastes de l’aristocratie décadente romaine. Encore un effort : le jeune Georges. Il est prétentieux et même arrogant. Sa politesse est « difficile à supporter par les bons démocrates » [39]. Et toute la ville lui souhaite de recevoir une bonne leçon. Elle lui sera donnée : à l’américaine, car les Amberson sont des Américains. Georges méprise tous les métiers (c’est-à-dire ceux qu’il connaît : avocat, banquier, politicien). Il ambitionne d’être plutôt que de faire. Légèrement complexé, tout de même, à l’égard des vieilles familles de l’Est et du Sud, il veut simplement être un gentleman. Au plus : un « bon yachtman » [55] (ce qui, pour un midlander, témoigne d’une fantaisie qui frise l’imagination). Booth Tarkington dresse un portrait saillant de plusieurs personnages (notamment la mère, le père et la tante de Georgie) tout en esquissant un double drame de Roméo et Juliette en Amérique. Il faut lire le livre pour comprendre l’histoire de la famille américaine et surtout comment « les enfants américains appartiennent à la famille de leur mère ». [48] Je vais ici m’attacher à un autre aspect de l’œuvre : celui de l’automobile et du progrès. Les Amberson, si préoccupés du qu’en-dira-t-on, vivaient en symbiose avec les petites et moyennes gens qui les entouraient. Mais tout s’est détraqué au moment où un monde nouveau s’est imposé, celui de l’automobile, puis celui de la ville nouvelle aux grands espaces. Ces nouveautés sont arrivées avec les Morgan, Eugène et sa fille Lucy. Les Morgan sont plus naturels, sympathiques, finalement assez sensibles et non dénués de fierté, bien qu’indifférents aux racontars. Ce qui les distingue, c’est qu’ils sont du côté du progrès (du progrès dernier-né). Eugène Morgan, autrefois jeune inventeur un brin excentrique, est devenu en quelques années un riche homme d’affaires. La tragédie moderne La tragédie consiste en la résolution d’une énigme : comment rester un homme ? C'est une tragédie, parce qu’elle semble perdue d’avance. En tout cas, pour les Amberson, c’est la fortune qui est perdue. Déjà, au temps de l’immobilier triomphant, Georgie déplorait que le lotissement vendu par son grand-père eût été trop construit. « Au début, dit-il, on ne voyait dans ce coin que des maisons de campagne à l’usage des gentlemen ; il aurait fallu conserver cet état de choses. Ces gens prennent trop de liberté. Ils font tout ce qu’ils veulent » [72]. Et quand Lucy l’interroge, espiègle, sur la manière de les empêcher de construire sur leur propre terrain, Georges s’emporte, suggérant le boycott du commerce. Il ne soupçonne pas encore le prochain renversement du rapport de forces. Bientôt, l’industrie automobile prendra la place de la rente immobilière. Et la nature et même les enfants semblent se rebeller contre cet avenir fragile. « Tout d’un coup apparut, suant et soufflant sur la route plate, un engin qui mettrait bientôt fin à leurs jeux dans la National avenue, un monstre pourvu à l’avant et à l’arrière d’excroissances malsaines, tandis qu’en dessous s’agitait quelque chose de bruyant et mystérieux. Les enfants ne firent pas mine d’y accrocher leur luge » [69]. À la fin du livre, les automobiles se sont considérablement affinées. Un jour, Morgan se présente avec un nouveau modèle, long et bas. Et lui-même « paraissait l’échantillon vivant de cette ère nouvelle qui allait proscrire chapeaux haut-de-forme et jaquette longue » [209]. Il n’est plus le « drôle d’oiseau » apparu au début du livre, en plein bal Amberson dans un habit démodé. D’ailleurs, le destin est déjà scellé. Le tournant n’est pas lié à une invention technique ou à un investissement massif. Il a lieu dans la salle à manger du major Amberson. Les Amberson interrogent Morgan au sujet de l’avenir de l’automobile. Morgan prophétise : « Les bicyclettes et le trolleybus ont fait leur temps. C’est le tour des automobiles qui mettront le centre-ville aux portes de la campagne » [175]. Le major s’inquiète – sur un ton légèrement railleur – que la valeur de ses terrains s’en trouve diminuée. « Bonté divine, s’écrie-t-il, ainsi votre petite fabrique est en train de ruiner vos vieux amis ! » [176]. Eugène, plus sérieux, lui conseille de prendre des précautions. Et alors Georgie, d’une voix sombre, prononce : « ces infernales machines sont une plaie… Leur invention fait un beau gâchis » [176]. Cette impolitesse à l’égard d’un invité suscite un instant de stupeur. Puis Eugène réplique : Je ne suis pas sûr qu’il ait tort à propos des automobiles. En dépit de leur vitesse, elles ne seront peut-être qu’un pas en arrière dans la civilisation. J’entends la civilisation spirituelle. Ajouteront-elles à la beauté du monde, à la vie de l’âme ? Je ne le crois pas. Mais elles sont là ; elles transforment nos vies plus profondément que nous pourrions le supposer. Elles transformeront la guerre et elles transformeront la paix. Je pense que l’esprit humain lui-même changera, à cause d’elles. Le changement extérieur n’ira pas sans un changement intérieur ; ici, Georges a peut-être raison ; ce changement intérieur nous sera défavorable. Qui sait ? Dans vingt ou trente ans je pourrais n’avoir plus le droit de défendre ma voiture sans cheval, et déclarer moi-même : « son inventeur a fait un beau gâchis ! » [177] Peu après, il prend congé. Rassurons-nous, ce discours
inquiétant ne l’empêchera pas de produire des automobiles au rythme d’une unité
et quart par jour (bientôt plus) et de faire une immense fortune. Mais le doute
est en lui (en tout homme). Car la tragédie qui habite Morgan et qu’il ne
montre jamais (sauf lors de ce dîner), c’est celle qui lui impose sans cesse
d’avancer. C’est le progrès. Tandis qu’il affirme inventer librement l’avenir,
il est en quelque sorte en permanence talonné par la tragédie. (Ajoutons qu’en
ce qui concerne la sinistre prophétie sur la beauté du monde et la vie de l’âme, il
suffit de regarder ce que la scène du dîner filmée dans la version
d’Orson Wells tournée en 1943 est devenue dans un remake de 2002.) La tragédie domestique et la tragédie collective Booth Tarkington a écrit ce qui ressemble à une romance, parce que tout, finalement, repose sur des rapports amoureux (eux-mêmes le plus souvent contrariés). La remarque fatale de Georgie, à la table des Amberson, ne tient pas tant à ses capacités d’analyse qu’au simple fait que l’automobile, pour des raisons qui sont du ressort romanesque, est un obstacle entre lui et Lucy. D’autre part – et j’écris cela plutôt à titre d’hypothèse – il semble que Morgan lui-même, en son temps, s’il avait obtenu la main d’Isabel Amberson, aurait peut-être connu un autre destin, d’une certaine manière plus heureux. Et l’automobile, qui sait ?, aurait continué à être un véhicule de fantaisie, comme dans sa jeunesse, au lieu de devenir l’instrument de la propagation des villes inhumaines. Sommes-nous capables de mesurer l’impact des passions contrariées sur la marche du monde ? Du reste, la tragédie n’est pas complète, puisque – dans un ressort (enfin) très américain – tout s’arrange à la fin pour Georgie et Lucy. Mais pas pour Eugène et Isabel. Et pas pour l’Amérique. À la différence de la tragédie antique, la tragédie moderne n’est pas domestique, elle est collective. Et le fait que la ruine, l’accident et l’expiation de Georgie lui permettent de trouver le chemin compliqué du cœur de Lucy ne change rien au « gâchis » accompli : l’automobile a transformé la ville. Et le lecteur obtient une description plus saisissante du phénomène que dans n’importe quel traité de sociologie urbaine. D’ailleurs, ce phénomène est lié à un autre changement de taille, dont Morgan n’est pas responsable, mais qui accompagne le développement de l’automobile au tournant du XXe siècle. Voici le deuxième paradoxe américain : ce sont les migrants européens qui vont tuer la nouvelle civilisation européenne qui venait à peine de renaître en Amérique. En deux petites années, Booth Tarkington décrit le renversement du monde : Le plus grand changement s’observait parmi les habitants eux-mêmes. Les descendants des pionniers étaient petit à petit submergés par le flot de nouveaux venus et s’identifiaient si bien à lui qu’on ne les y distinguait plus. Comme à Boston, comme à Broadway, la vieille race perdit son caractère propre, et de tous ceux qui nommaient la ville « chez eux », un tiers à peine y était né. Il y eut un quartier allemand, un quartier juif, un quartier nègre, appelé Bucktown, et des colonies italienne, et hongroise, et roumaine, et grecque. Les émigrants eux-mêmes ne formaient pas le gros noyau de la population ; non, mais bien les descendants prospères des émigrants. Des gens plus avides d’argent et de travail bien rétribué que de liberté et de démocratie. Un nouvel habitant de la ville du Midland – en fait un nouvel Américain – naissait lentement. [242] Est-ce une rêverie de romancier ? Peut-être pas. La vieille Amérique des pionniers n’est pas tout à fait morte et a toujours ses défenseurs. Gary Cooper lui-même s’inquiétait de l’influence des nouveautés new-yorkaises sur son pays. Dans une approche un peu plus people, Ava Gardner, ex-femme de Frank Sinatra, se moquait amicalement de son ex-mari quand il prit à ce dernier l’idée de se marier avec la jeune Mia Farrow (en 1966). « Et voilà qu’il se marie avec un ‘petit garçon’ ! », dit-elle. Ou avec la nouvelle Amérique, avec la côte Est ? (autrement dit avec l’Amérique du clan Clinton ?) Tout un autre monde que celui des pionniers, des cow-boys et des stars d’Hollywood aux temps héroïques. Revenons aux Amberson, à la fiction qui décrit si bien la réalité. Pour les Amberson, la chute fut brutale : Le quartier [Amberson], déjà vieux, se trouvait à un kilomètre du centre, mais le commerce se transporta ailleurs ; et le quartier ne connut de toute cette prospérité que la fumée et la saleté, tandis que son crédit en banque baissait. Les propriétaires de grands domaines les vendirent à des maîtresses de pensions, et les locataires des petites maisons se transportèrent ‘plus loin’, là où la fumée devenait moins dense, dans des casernes locatives qui s’édifiaient partout. Les loyers baissèrent, les locataires furent alors des pauvres qui brûlaient de la houille et dévalorisèrent les maisons en les rendant encore plus sales et misérables. Le quartier devint si mal famé que tout ceux qui avaient assez d’argent pour en changer transportèrent ailleurs leurs pénates. [244]. À la place de la petite ville du Midland où tout le monde se connaît, une grande ville où la population est ultra-mobile : l’Amérique moderne. Booth Tarkington propose une comparaison entre le style rococo de la vaste maison des Amberson et le style géorgien de la charmante maison de Lucy, construite à l’écart. Et, à ce propos, il surprend une discussion entre l’oncle Georges et Lucy : En tout cas, vous êtes loin de la fumée, ici. – Oui, pour un certain temps. Bientôt, elle nous rattrapera, et nous irons ailleurs. – Non, vous resterez. Et c’est quelqu’un d’autre qui partira. [249] L’oncle Georges voit encore les choses à l’ancienne, comme une fatalité. Il est possible, au contraire, que Lucy ait raison. Les Morgan sont prêts à se déplacer. Ils l’ont déjà montré. Devant eux se trouvent toujours l’avenir et le progrès, et ils marchent sans faiblir. Peut-être parce qu’ils savent, au fond d’eux-mêmes (comme l’a montré Eugène), qu’ils sont talonnés par la tragédie. Pour l’heure, la tragédie a fondu sur l’ancien quartier Amberson. L’avenue Amberson a été rebaptisée 10e avenue et la monumentale fontaine qui trônait à la croisée de la National avenue a été démontée. Symbole de la déchéance des lieux, elle était en panne depuis longtemps. Les conduites avaient sauté. Peu avant sa mort, quand on lui parlait de réparation, le major affichait un regard évasif. À sa mort, il n’a laissé que quelques biens qui équilibraient à peine ses dettes.
Comme cela arrive souvent lors des coups de foudre, Georgie et Lucy ont échangé des propos très sérieux dès leur première rencontre ou presque. Piqué par ce qu’il considère comme les « airs supérieurs » de la jeune fille, Georgie a dévoilé ses conceptions intimes sur la société : « Je crois que le monde est ainsi fait : il y a un petit nombre de personnes que leur naissance et leur position placent au sommet de l’échelle, et celles-là du moins doivent se traiter absolument en égales ». Avec ces paroles, Georgie Amberson montre qu’il est devenu un parfait Européen d’ancien régime. Il défend le principe de l’égalité au nom de la stabilité oligarchique, tout à fait comme certains aristocrates français à l’approche de 1789. Les « airs supérieurs » de Lucy, qui sont ceux d’une intelligence libérée qu’il n’ose qualifier de « nouveau riche », lui semblent aussi injustifiés qu’instables. Et pourtant, il se sent attiré par eux. L’avenir est une grande énigme. Lucy elle-même aimerait pouvoir la vaincre en la rejetant. « Je me demande si nous en jouissons autant que nous le prétendons, de nos vingt ans. […] Pour ma part, j’ai l’impression de manquer quelque chose : je crois que c’est parce que je ne vis pas assez le moment présent. Je me réjouis toujours à l’avance, en évoquant ce qui se passera quand je serai plus vieille » [76]. Elle est peut-être plus lucide, au moins plus sensible, que son père, qui se contente de rire de bon cœur quand un vieil ami lui dit, mi-sérieux, que le vieux temps est revenu (alors que Morgan et Isabel viennent de danser une valse, comme autrefois, avant qu’Isabel ne renonce à son amour pour des raisons qu’il serait trop long de détailler ici). « Pas du tout. Le temps passé n’est pas vieux, il est mort ! L’avenir seul existe ! L’avenir !…», s’écrie-t-il, avant de « disparaître si gracieusement qu’il semblait déjà danser ». D’ailleurs, la question du temps est clairement identifiée par Booth Tarkington comme une pierre d’achoppement entre les Amberson et les Morgan, ainsi qu’en témoigne un malentendu plus ou moins volontaire entre Georgie et Lucy, l’occasion d’une promenade en traineau, le lendemain de leur première rencontre : Nous allons très vite, Monsieur Minafer ! – Naturellement, je n’ai que deux semaines de vacances. – Je parle du traineau. Nous ne sommes pas seuls sur la route. [69] Un aperçu de l’avenir À court terme, tout va bien. Au prix de son courage et de son abnégation (valeurs appréciées des Américains), et surtout grâce à son « esprit pratique » (qui est le « bon côté des Amberson », en dépit de tous leurs défauts), le jeune Georges va se tirer d’affaire. Reste, comme nous l’avons dit, la tragédie de l’Amérique (l’automobile et la ville). Il faut avancer sans cesse. Car on est talonné par la tragédie. Et c’est peut-être (là encore, une idée très américaine) grâce à des citoyens comme Georgie Amberson que l’Amérique restera finalement ce qu’elle est. Et c’est peut-être pour cela que, malgré son esprit qui coquette avec le pessimisme, La splendeur des Amberson a obtenu le prix Pulitzer*. En ce qui concerne les Amberson, revenons au personnage de la mère, Isabel, qui a gâté son petit Georgie au point de mettre en danger son avenir. Alors qu’elle est en train de visiter l’usine de Morgan, non sans une certaine part de transfert, sans doute, elle s’émerveille : « quelque chose d’aussi splendide, d’aussi humain que cette fabrique, avec ses aciers étincelants, son bourdonnement continu et tous ses ouvriers, des hommes si musclés et pourtant intelligents ». Bien plus tard dans le livre, tandis qu’il décrit leur voyage en Europe, une phrase échappe à Georges à propos de sa mère : « Elle était si jeune et si belle, je sens qu’elle aurait souffert de la vieillesse » [259]. Elle aurait aussi souffert, peut-être, de savoir ce qu’est vraiment une usine, ce qu’est vraiment la laideur et le bruit et la mort. Et Lucy, quant à elle, déjà traversée à la fois par le doute et par l’espoir, disait lors de sa première promenade en traineau avec Georgie : « les temps peuvent changer ; les gens n’auront peut-être plus de rides. » [142] L’avenir radieux des technosciences. Et les usines, et la laideur, et le bruit, et la mort ? Et comment rester un homme ? ___________________________ * Pour savoir où en est la réflexion américaine sur l’automobile, sur le progrès technologique et sur le rêve américain, on pourra consulter par exemple le récent livre de Tyler Cowen : The Complacent Class : The Self-Defeating Quest for the American Dream. New York: St Martin Press, 2017 (272 p.)
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