Les mythes de la Seconde Guerre
Mondiale
Sous la
direction d’Olivier Wieviorka & Jean Lopez
Paris : Perrin, 2015 Broché. 441
pages. ISBN 978-2262048464. 21€
Recension
d’Antoine Capet Université de Rouen
Il
est des titres qui pourraient passer à tort pour hors champ des études
anglophones, et l’ouvrage en question ici en est un bel exemple. Car même quand
on en consulte la table des matières, on peut ne pas prendre conscience à
première vue que certains chapitres ont toute leur pertinence dans le domaine
de la civilisation britannique ou américaine. Ce recueil se veut résolument
« révisioniste » au sens noble où l’entendent les historiens : il s’agit d’ébranler les idées reçues, de
montrer l’inanité de clichés sans cesse ressassés – bref, de faire la lumière
sur certains points de la deuxième Guerre mondiale qui en ont bien besoin. La
variété des auteurs est très grande : elle va de la jeune normalienne
agrégée en cours de thèse au spécialiste internationalement reconnu de longue
date, en passant par des publicistes, un reporter et un ancien officier de
marine. Tous partagent la même volonté d’explorer leur sujet en se fondant sur
les meilleures sources, qui font voler en éclats bien des « vérités »
généralement répétées par paresse, sans vérification. À tout seigneur, tout honneur :
le recueil s’ouvre sur « Les Britanniques étaient unanimement derrière
Churchill avant et pendant la Seconde Guerre mondiale », et la pertinence
de ce premier chapitre pour les anglicistes n’a évidemment pas besoin d’être
établie. Le grand spécialiste de Churchill qu’est son auteur, François
Kersaudy, n’a bien sûr aucun mal à produire les documents qui prouvent le
contraire du lieu commun qui lui fournit son titre. Ce qui marque avant tout,
c’est son exploration des facteurs qui ont pu contribuer à ériger ce mythe – le
moindre n’étant pas l’habileté avec laquelle le grand mémorialiste a su
fabriquer lui-même la légende churchillienne. Dans le chapitre suivant, Maurice
Vaïsse revient sur un sujet encore brûlant en France : « La défaite
de 1940 était inéluctable ». Il va de soi que ce spécialiste bien connu
des relations internationales ne saurait se cantonner à un étroit point de vue
« franco-français » : il examine comme on pouvait s’y attendre
les éclairages venus de l’étranger, notamment des auteurs anglo-américains. François-Emmanuel Brézet entame
ensuite son chapitre, « Les U-Boote
pouvaient renverser le cours de la guerre » par un passage des Mémoires de
Churchill consacré à la bataille de l’Atlantique, où l’on peut lire :
« Cette bataille m’inquiétait davantage encore que le glorieux
affrontement aérien qu’avait été la bataille d’Angleterre » [51].
L’argument de l’auteur, chiffres en main, ne souffre pas de
contradiction : Churchill n’avait eu aucune raison de se faire du souci,
car – on le reverra dans le chapitre sur les « armes miracle » –
l’Allemagne n’avait pas les ressources pour soutenir le rythme des
remplacements qu’exigeaient les lourdes pertes infligées à ses sous-marins. « Hitler a devancé une attaque
de Staline » [en 1941], le chapitre de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri qui
suit, intéresse les anglicistes malgré son sujet, car il fait entre autres le
parallèle entre l’apaisement vis-à-vis de l’Allemagne pratiqué par Chamberlain
en 1937-1939 et l’apaisement pratiqué par Staline en 1939-1941. Les collègues de civilisation
américaine trouveront leur bonheur dans le Chapitre 5, « Pearl Harbor, une
victoire japonaise », confié à Pierre Grumberg. Sa thèse, c’est que seuls
ou presque de vieux navires en fin de carrière ont été éliminés du conflit. Les
bâtiments modernes qui le méritaient ont pour la plupart pu être renfloués,
réparés et remis rapidement en service. Curieusement, puisque nous sommes dans
les mythes, l’auteur ne fait pas pièce à la vieille rumeur infondée selon
laquelle Churchill avait été averti de l’imminence du raid par le Renseignement
britannique mais qu’il s’était bien gardé de prévenir le président Roosevelt
afin de précipiter l’entrée en guerre des États-Unis. À l’autre extrémité chronologique de
la guerre, le Chapitre 27, « Le Japon a capitulé en raison
d’Hiroshima » réexamine, non pas le bien-fondé de la décision du président
Truman, comme c’est devenu banal aujourd’hui, mais ses conséquences réelles sur
la situation militaire et politique d’un Japon qui – on l’oublie trop souvent –
venait de subir une défaite colossale en Mandchourie face à l’URSS. Bruno
Birolli s’attache à montrer que des décennies de domination de
l’historiographie d’inspiration américaine pendant la Guerre froide ont réussi
à faire oublier cette grande victoire soviétique et l’effroi qu’elle avait
suscitée au Japon. Ceux qui s’intéressent aux démêlés
de l’U.S. Navy face aux Japonais au cours de la guerre
trouveront de nombreuses pistes de réflexion dans le chapitre de
Pierre-François Souyri, « Les kamikazes sont morts pour rien »
(Chapitre 22). Les autres, s’ils s’intéressent à l’origine des mots, y
apprendront que kamikaze était un nom
de code qui signifie « vent divin » en japonais, « par allusion
au typhon qui dispersa la flotte mongole venue attaquer le Japon en 1281 »
[318]. Étrange analogie avec la dispersion de l’Invincible armada catholique en
1588 par le Dieu des anglicans. « Le Pacifique, un théâtre
secondaire », de Benoist Bihan (Chapitre 13), est un régal pour quiconque
s’intéresse aux difficiles relations anglo-américaines dans la région avant
1941, à leur évolution après Pearl Harbor, ainsi qu’aux rapports de force qui
ont influé sur les grandes conférences navales de l’entre-deux-guerres, et sur
la « fin de partie » en 1945. L’auteur ajoute deux éléments à
l’équation, déjà fort complexe : l’URSS, aujourd’hui redevenue Russie, et
l’ascendant décisif qu’ont pris en Chine les partisans de Mao après la guerre.
Il termine sur une note pessimiste : « Aussi l’histoire de la
première moitié du XXIe siècle a-t-elle de très fortes chances
d’âtre celle du règlement, y compris par les armes, de tous les comptes – et ils
sont nombreux – non soldés en 1945 en Asie et dans le Pacifique » [240]. « Rommel était un bon chef de
guerre » (Chapitre 6), de Vincent Arbarétier, a malgré son titre une
dimension angliciste, car le général allemand a si l’on peut dire un fan-club considérable en
Grande-Bretagne : les fascicules, opuscules et numéros spéciaux de
magazines spécialisés et autres DVD qui lui sont consacrés ne se comptent plus
– et le flot continue de plus belle. Leurs lecteurs, s’ils prenaient
connaissance des arguments fort convaincants de Vincent Arbarétier, seraient en
déni de réalité : il leur serait impossible de les accepter sereinement.
On dira la même chose du Chapitre 10, « Les Waffen SS : des soldats d’élite » : la fascination
actuelle pour ces supposés he-men en
Grande-Bretagne n’est plus à démontrer, et rien ne pourra jamais déboulonner
ces tristes statues auprès d’un certain public masculin. On pense là au
journaliste local de The Man who killed
Liberty Valance : quand le mythe dépasse la réalité, il faut s’incliner. Les chapitre 7, « Les
cheminots, fer de lance de la Résistance française et acteurs majeurs de la
Libération » (Sébastien Albertelli), et 8 « L’économie soviétique ne
pouvait rivaliser avec le potentiel économique du Reich » (Olivier
Wieviorka) comme le chapitre 12, « L’armée italienne était mauvaise »
(Hubert Heyriès), font partie des rares qui sont hors champ, malgré quelques
allusions à la BBC dans le premier cas, à l’aide anglo-américaine dans le
deuxième et à la guerre en Afrique du nord contre les Britanniques dans le
troisième. Avec le chapitre 9,
« Montgomery, un général surestimé » (Daniel Feldmann & Cédric
Mas), les anglicistes reviennent en terrain familier. « La personnalité et
l’action du Field Marshal Montgomery
sont d’interminables sujets de polémique », déclarent les deux co-auteurs
en incipit [147]. On ne saurait mieux
dire, et après avoir rappelé les reproches souvent adressés au vainqueur
d’El-Alamein, ils terminent à juste titre en distinguant entre la personnalité
et l’action : Montgomery mérite sa place au
panthéon des grands chefs militaires de la Seconde Guerre mondiale. S’il avait
été magnanime plutôt que méprisant pour ses pairs ou Eisenhower, et s’il
n’avait pas brandi avec une telle arrogance la haute opinion qu’il avait de
lui-même, le débat de savoir s’il est surestimé n’aurait pas même lieu. [158] « La Seconde Guerre mondiale,
une affaire d’hommes » (Chapitre 11) permet à Fabrice Virgili de rappeler
que les femmes n’ont pas été absentes des combats alors que le monde
« était, plus encore qu’aujourd’hui, largement dominé par les
hommes ». D’où le constat qu’il fait à regret : « Ni militaires
ni politiques [de premier plan], elles sont pour la plupart des figures de
dévouement, de martyres, parfois de résistantes, de traîtresses aussi »
[181]. Les anglicistes regretteront que le chapitre ne fasse pas la part plus
belle à toutes ces Britanniques qui servirent avec les WRENs, les WAAFs, les
ATS, et surtout à celles qui sont mortes en France ou en déportation, envoyées
auprès de la Résistance par le SOE. Le
chapitre 14, « Le débarquement en Provence, une opération inutile »,
nous ramène au rôle des forces anglo-américaines
dans la Libération. L’idée d’« une opération inutile » est
appuyée par Montgomery lui-même, qui la décrit
dans ses Mémoires (1958) comme « l’une des plus grandes erreurs
stratégiques de la guerre » [245]. L’argument est connu – et d’une logique
apparente imparable : tout effort effectué en Provence dégarnissait le
front d’Italie et la percée vers l’Allemagne via la Belgique et les Pays-Bas.
C’est cette lapalissade que Claire Miot
tente de démonter, en rappelant à la fois que l’opération a été peu coûteuse en
hommes et en matériel par rapport à la vitesse inattendue de la progression des
alliés et qu’elle servait puissamment les intérêts politiques de la France
libre en faisant renaître de ses cendres une armée française discréditée en
1940, mais couverte de victoires en 1945. Mais évidemment Montgomery se
souciait peu du renouveau de la France. Ce chapitre mériterait d’être lu
juste après le Chapitre 16, « Le corps expéditionnaire français en
Italie : un sacrifice inutile », sans respecter la succession
proposée dans l’ouvrage. Julie Le Gac y montre bien que, de même qu’en Provence,
« la contribution du CEF dans la péninsule renforça le crédit de la France
auprès des Anglo-Américains et permit d’accroître en conséquence son rôle sur
la scène militaire comme sur la scène diplomatique » [283]. On pourra lire ensuite le Chapitre
19, « La France a contribué à la victoire des Alliées », où
Jean-François Muracciole revient sur le même thème pour contredire Eisenhower,
qui dans Crusade in Europe (1949), « rendait
un bel hommage à la Résistance française ». « Estimant qu’elle avait
joué un rôle décisif dans la libération de la France, il évaluait son action à
celle de 15 divisions » [329], nous rappelle l’auteur – qui entreprend
alors de montrer que ce n’est pas beaucoup à l’échelle de ce qu’alignaient
alors les grandes puissances belligérentes. Pour lui, donc, « on peut
estimer qu’il faisait parler le diplomate plus que le stratège » [329].
Pendant la guerre, cependant, la presse britannique rendit elle aussi un
hommage appuyé aux FFL, et le chapitre cite le Daily Mail du 10 juin 1942 (à un moment donc où les forces
britanniques étaient en grand danger de perdre l’Afrique du nord, quatre mois
avant El-Alamein) à propos du coup de main de Bir Hakeim : « Bir
Hakeim prouve que l’esprit de Verdun est toujours vivant » [335].
L’auteur cite également Churchill, mais malheureusement sans donner la
référence : « Sans la résistance de Bir Hakeim, la guerre aurait duré
deux ans de plus » [338] – ce qui semble absolument extraordinaire. Aux Communes,
le 2 juillet, il avait parlé de ‘Bir Hacheim,
where the Free French resisted with the utmost gallantry’. Dans The Second World War (vol. 4, chapitre
21), tout ce qu’il dit, c’est ‘The Free French were evacuated from Bir Hacheim
after a very fine defence’. Quels
qu’aient pu être tous ces hommages rendus aux FFL et FFI pendant et après la
guerre, il reste pour l’auteur qu’en 1944-1945, elles n’étaient que des forces
d’appoint pour des alliés bien plus nombreux et bien mieux équipés qu’elles. « Le soldat américain ne sait pas
se battre. Qui le dit ? Tout le monde. Ceux qui les ont côtoyés pendant la
guerre et même l’histoire officielle américaine » [261] – ainsi
débute le chapitre de Nicolas Aubin, « Le soldat américain ne sait pas se
battre », avant de faire le tour des innombrables remarques désobligeantes
entendues ou lues depuis 1942 pour examiner ce qui a pu les susciter. La
conclusion est intéressante : « Ce mythe est irréductiblement lié à
un autre, celui de la prétendue supériorité militaire allemande », et elle
renvoie indirectement au chapitre 10, sur les Waffen SS. C’est logiquement à Patrick Facon,
spécialiste bien connu de la guerre aérienne, qu’a été confié le chapitre 17,
« Les bombardements aériens ont vaincu l’Allemagne ». Le débat n’est
pas nouveau : comme l’auteur le rappelle il remonte aux théories du
général italien Giulio Douhet formulées dans l’entre-deux-guerres et adaptées
en Grande-Bretagne par le maréchal de l’air Trenchard. Ces théories avaient
séduit un Churchill qui à l’automne 1940 ne voyait pas d’autre moyen d’attaquer
le territoire allemand. D’où la carte blanche donnée dans un premier temps au
général d’armée aérienne « Bomber » Harris, qui s’était fait fort de
mettre l’Allemagne à genoux avec ses « raids de mille bombardiers »
et ses « tempêtes de feu » déclenchées sur les grandes villes comme
Hambourg par les tonnes de bombes incendiaires qu’il allait y déverser. On
connaît la suite : les Allemands eurent tôt fait d’enterrer leurs usines et dans la
réalité les bombardements touchaient au premier chef la population civile,
aussi patriote et résignée en Allemagne qu’elle l’avait été au plus fort du Blitz en Grande-Bretagne, en 1940-1941.
Ce ne sont donc pas le Bomber Command
de la RAF et la Mighty Eighth de
l’USAAF qui ont fait capituler à elles seules l’Allemagne. Mais l’auteur
s’appuie à bon droit sur les travaux du spécialiste mondial, Richard Overy,
actuellement à Exeter, qui fait valoir qu’il est impossible que les milliers de
tonnes de bombes larguées sur l’Allemagne n’aient pas au moins désorganisé son
effort de guerre. Bombardements décisifs : non – bombardements
inutiles : non plus. Les travaux universitaires se poursuivent pour tenter
de déterminer où se situe leur effet exact. Ce chapitre est à rapprocher du
Chapitre 20, « Les armes miracles allemandes auraient pu tout
changer », où Pierre Grumberg procède à un salubre examen de tout le
galimatias qui s’accroche à la notion de Wunderwaffen
– terme apparu le 2 juillet 1944 dans la bouche d’un proche de Goebbels au
ministère de la Propagande. La date est intéressante, car la première Vergeltungswaffe, ou V-1, a atteint
Londres le 13 juin. L’auteur ne semble pas connaître les écrits du conseiller
scientifique de Churchill, lord Cherwell – c’est dommage, car ce grand
statisticien, professeur à Oxford, avait doctement déclaré à l’été 1944 que les
photos de V-2 en construction ne pouvaient être que des leurres, du fait que
les Allemands
(qu’il n’aimait pas) étaient trop intelligents pour engloutir leurs dernières
ressources en main d’œuvre ultra-qualifiée et en matières premières rares dans
la construction de fusées non récupérables dont la charge utile était ridicule
par rapport à celle de bombardiers peu coûteux à assembler. Cherwell allait
tout à fait dans le sens de la thèse que défend ici l’auteur, à savoir que seul
un Hitler et ses sbires nazis dérangés pouvaient croire que les deux seules
« armes miracles » véritablement mises en service, les V-1 et V-2
(qui sont lancés sur Londres à partir de septembre 1944), allaient retourner
une situation désespérée où l’Allemagne était en infériorité sur tous les
autres plans, notamment aéronautique, par rapport aux alliés. Les chiffres que
donne l’auteur sont à méditer en regard de ceux que donne Patrick Facon, par
exemple « la totalité des 30 000 V-1 construits représente
25 500 d’explosifs, soit 2,8% du tonnage largué par les Anglo-Américains
sur l’Allemagne en 1944 » [367] – pour les V-2, c’est 0,56% [368].
« Pourquoi s’obstiner à avaler les bobards de Goebbels soixante-dix ans
après ? », s’interroge l’auteur en conclusion. On pourra poursuivre la réflexion
avec le chapitre qui suit, « L’Allemagne a perdu la guerre à cause
d’Hitler », où l’on retrouve Benoist Bihan, qui revient sur la
« technophilie du Führer » [383]. Il n’y aurait là rien d’étrange –
tout le monde connaît le goût de Churchill pour l’innovation en matière
d’armements, lui qui est un des « parrains » du char d’assaut mis au
point lors de la Grande guerre. Mais l’auteur poursuit en disant qu’il
« voit dans la suprématie des armes le pendant technique de la supposée
supériorité de la ‘race aryenne’ sur le reste de l’humanité », partageant
avec ses compatriotes le mépris de l’ennemi, surtout slave. Son argument
central, c’est que l’Allemagne moderne (1870, 1914, 1940-1941) a toujours tout
misé sur une guerre courte, fondée sur « un affrontement unique, voulu
décisif » [383]. Là encore, l’angliciste ne peut que penser a contrario à la Grande-Bretagne, fière
d’avoir toujours perdu la première bataille, mais remporté la dernière. Le recueil se clôt sur la mise au
point de Georges-Henri Soutou, « Yalta, ou le partage du monde entre les
trois Grands », qui n’a pas la cruauté de rappeler la formule qui faisait
florès dans la Grande-Bretagne de 1945 : Big 3 or Big 2 ½ ? Pourtant, il se concentre bien davange sur
les Deux Grands, qu’on allait bientôt baptiser super-puissances, en présentant
les quatre interprétations que l’on trouve couramment de Yalta, la plus
fréquente étant celle du partage du monde, « ce mythe popularisé dès 1947
par le général de Gaulle » [416]. Les spécialistes de la présidence
américaine pourront s’interroger sur le lien que fait l’auteur entre la
politique intérieure et la politique extérieure – en l’occurrence à Yalta – de
Roosevelt : « Dans quelle mesure ses prises de position sur l’Europe
orientale n’étaient-elles pas d’abord destinées à la consommation intérieure
américaine ? » [422]. Insistant sur les « ambiguïtés »
[433] du président, il conclut : « Churchill est (relativement) moins
ambigu mais impuissant. Staline paraît être celui des trois qui a suivi à cette
occasion la politique la plus limpide… » [434]. Selon la tradition, les dernières
pages comportent des « Notices biographiques des auteurs », mais
hélas pas d’index, ce qui est dommage car beaucoup de noms et de thèmes se
croisent et se recroisent au fil de ces chapitres qui, on l’aura compris,
présentent souvent un grand intérêt pour les spécialistes des pays anglophones.
Selon une autre tradition des historiens, leur ordre suit au plus près la
chronologie de la guerre – mais les anglicistes auraient sûrement préféré un
regroupement thématique. C’est là la seule petite irritation – avec l’absence
d’index – que suscite le recueil, dont il faut saluer par ailleurs la qualité
pour ce qui est de la relecture des épreuves : outre le sans-faute en
français, chose fort rare de nos jours, les orthographes étrangères, notamment
anglaise et allemande, qui reviennent souvent, sont parfaitement respectées.
Cercles © 2016 All rights are reserved and no reproduction from this site for whatever purpose is permitted without the permission of the copyright owner. Please contact us before using any material on this website.
|
|
|