Film Analysis in English CAPES, Agrégation, 1er Cycle Universitaire
Lionel Hurtrez
Paris : Ophrys, 2013 Broché. xii+168 pages. ISBN 978-2708013919. 19 €
Recension de Georges-Claude Guilbert Université François Rabelais (Tours)
Comme son titre l’indique, cet ouvrage s’adresse ostensiblement aux étudiants en études anglophones de la L1 à l’Agrégation, mais sera en fait tout aussi utile aux enseignants du secondaire et aux lycéens (surtout en classes européennes), comme il est précisé dans l’Avant-Propos. Par ailleurs, on imagine aisément que les élèves de différentes classes préparatoires le trouveront précieux. En France, le recours aux images n’a cessé de croître dans l’enseignement des langues vivantes depuis les années 1960 (à tous les niveaux), avec les images fixes laissant de plus en plus souvent la place aux images qui bougent. Lionel Hurtrez prend le risque de détailler en début d’ouvrage (« Le point sur les concours ») les modalités du CAPES, alors qu’en ce trouble XXIe siècle elles changent chaque année. Il ne faudra pas déduire de la prochaine réforme que son ouvrage est devenu obsolète, car les images qui bougent ne bougeront pas. Quant à l’Agrégation, tant que nos gouvernants ne décident pas de la saborder irrémédiablement, il y a fort à parier que l’on continuera à s’y interroger sur le cinéma (si ce n’est sur un genre cinématographique, ce sera au moins sur une adaptation de roman ou une autre). Le livre est divisé en deux grandes parties, la première étant consacrée aux outils d’analyse filmique tandis que la deuxième offre quelques exemples bien choisis. Hurtrez prend soin de fournir tout le vocabulaire nécessaire, réparti en chapitres cohérents. Shot, editing, narrative construction, sound, genre, style, tout y est. Les séquences de films analysées, de façon très pédagogique, sont extraites des films suivants : The Cameraman (1926), Rebecca (1941), Citizen Kane (1941), Dr. Jekyll and Mr. Hyde (1941), To Be or Not to Be (1942), Oliver Twist (1948), 12 Angry Men (1957), Rio Bravo (1959), The Conversation (1974), Taxi Driver (1976), Annie Hall (1977), Halloween (1978), A Room With a View (1985), The House of Mirth (2000) et Memento (2000). J’aurais quant à moi privilégié Morocco (1930) et The Godfather (1972), quitte à négliger Dr. Jekyll and Mr. Hyde et The Conversation, mais cette sélection a été mûrement réfléchie pour offrir l’éventail le plus large possible. Ayant beaucoup exploité A Room With a View (le roman et le film) en classe de première dans les années 1980, j’aurais apprécié l’aide fournie par ces cinq pages précisément consacrées à l’une des séquences que je privilégiais (20’30 – 25’03). Chacune de ces études est suivie d’un encadré de « pistes pédagogiques » bienvenu. Le premier appendice fournit sur six pages quelques bonnes idées « d’activités autour de l’audiovisuel », tout à fait réalisables en lycée et susceptibles de permettre à l’enseignant le plus zélé de respecter sans peine les Instructions officielles. Suit un deuxième appendice qui consiste en deux lexiques cinématographiques, l’un anglais-français et l’autre français-anglais. Ces lexiques sont assez complets ; peut-être leur reprochera-t-on seulement de faire la part trop belle au mot « film », par opposition au mot « movie », alors même que celui-ci s’est répandu des deux côtés de l’Atlantique, notamment dans les structures N2 ø N1 comme « movie star ». On trouve du reste de plus en plus de personnes qui favorisent « film » pour un produit un peu art et essai et préfèrent « movie » pour un produit commercial destiné au plus grand public. Par ailleurs, il me semble qu’il n’est pas avisé d’encourager nos étudiants à considérer « drive-in movie » comme l’équivalent de « salle en plein air accessible aux voitures ». On peut déjà s’interroger sur le bien-fondé du mot « salle » alors qu’il n’y a là ni mur ni plafond, mais surtout on préférera « drive-in movie theater ». Dans le même ordre d’idée on reprochera peut-être à Lionel Hurtrez un abus du déterminant « the » dans les titres et intertitres de Film Analysis in English. La bibliographie me paraît un peu décevante, mais sans doute est-elle en fait adéquate pour le public visé : il ne s’agit pas après tout de former de jeunes chercheurs en cinéma anglophone (pour le moment). Du moins a-t-on la satisfaction d’y voir figurer des livres écrits ou dirigés par Michel Chion, Chris Holmlund, Linda Hutcheon, Christian Metz et Steve Neale. Pour conclure, je recommande Film Analysis in English à tout enseignant ayant à former des étudiants à une épreuve un tant soi peu liée au cinéma (telles que certaines épreuves de synthèse de deux ou trois documents variés) qu’un point de lexique a un jour laissé perplexe. Je le recommande également à tous les étudiants intéressés par le cinéma et / ou désireux de réussir un examen (ou être reçus à un concours) reposant au moins en partie sur une séquence de film. Il constituera un instrument hautement appréciable pour ceux qui ne maîtrisent pas encore très bien les outils d’analyse filmiques de base et souhaitent enrichir leur vocabulaire dans le domaine.
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