Back to Book Reviews

Back to Cercles

 

      

L’Australie au-delà du rêve

 

Georges-Goulven Le Cam

 

Rennes : Presses Universitaires de Rennes (PUR), 2011

Collection « Didact Civilisation »

Broché. 376 p. Illustrations couleurs et noir & blanc

ISBN 978-2753514218. 19,00 €

 

Recension de Martine Piquet

Université Paris-Dauphine

 

 

 

Ce nouvel opus de Georges-Goulven Le Cam vient à la suite d’autres ouvrages de cet auteur complètement ou partiellement consacrés à l’Australie, notamment celui très richement illustré de 2000, L’Australie, Naissance d’une nation, et L’Australie et la Nouvelle-Zélande de 2002, tous deux également publiés aux Presses Universitaires de Rennes. Spécialiste des Antipodes, Georges-Goulven Le Cam a par ailleurs écrit plusieurs essais sur la Nouvelle-Zélande.

L’Australie au-delà du rêve dresse un large portrait mis à jour de la société australienne et succède ainsi heureusement à l’ouvrage de Xavier Pons, L’Australie et ses Populations, publié en 1983 aux Éditions Complexes. Il était en effet grand temps qu’une nouvelle synthèse en français un tant soit peu critique et volumineuse fût faite car l’Australie s’est considérablement transformée au cours de ces trois dernières décennies, tout autant d’ailleurs que la manière dont on la  regarde de l’extérieur.

En treize chapitres agrémentés de nombreuses illustrations [1. La société tribale – 2. Un art de la terre – 3. À la recherche du Graal austral – 4. Au temps des forçats – 5. Des bushmen aux surf lifesavers – 6. Le sport – 7. Enjeux politiques – 8. Immigration et multiculturalisme – 9. Les Aborigènes aujourd’hui, « l’enfer de la médaille » – 10. Rêves du bush, rêves des villes, l’art aborigène aujourd’hui – 11. Le paradis de l’Australienne ? – 12. L’éclosion de l’imaginaire – 13. L’Australie et le monde] et quatre annexes, Georges-Goulven Le Cam couvre l’essentiel de ce qu’il y a à connaître pour se faire une idée claire des grandes caractéristiques de la société australienne d’aujourd’hui et des enjeux auxquels elle se trouve confrontée. Il retrace les grandes lignes de l’histoire du pays (sans oublier les épisodes français), montre l’évolution et la démonétisation de ses anciennes valeurs pionnières xénophobes et sexistes, le délitement graduel de sa dévotion anxieuse à l’ancienne métropole britannique et son repositionnement géostratégique et géoéconomique, dresse le bilan mitigé qui s’impose de la politique multiculturelle adoptée au début des années 1970 et de celle de « réconciliation » avec les Aborigènes. L’ouvrage de Georges-Goulven Le Cam se distingue par l’importance accordée à l’art australien et à son histoire, particulièrement à la peinture aborigène dont l’auteur a une connaissance approfondie et pour laquelle il fournit au lecteur quelques précieuses pistes de décryptage. Il est dommage que le format imposé à l’impression n’ait pas permis la reproduction en couleurs de plus de huit œuvres. Georges-Goulven Le Cam rend également compte de questions moins explorées jusqu’ici telles que le rôle du sport, ou celles relatives au genre et au féminisme.

Le « rêve » du titre, référence au Temps du Rêve (Dreamtime) de la mythologie aborigène et aux espoirs de cette société jeune encore à la recherche d’elle-même, se heurte inévitablement aux conservatismes et à ce sentiment d’insécurité existentielle si caractéristique qui perdure depuis l’époque coloniale. Nulle société n’est parfaite et l’auteur regrette que l’Australie ne se montre pas toujours à la hauteur de ses ambitions. Il conclut néanmoins sur une note optimiste affirmant que l’Australie devrait « cheminer quelque temps, sinon sur les pistes du rêve, du moins sur les sentes d’un chemin serein » [341].

D’une valeur vulgarisatrice et pédagogique incontestable, le panorama très complet de l’Australie contemporaine présenté par Georges-Goulven Le Cam dans L’Australie au-delà du rêve est malheureusement quelque peu gâché par une écriture très fleurie, trop souvent à la limite du familier, mais surtout par la présence tout à fait excessive de coquilles (dont la multiple apparition du nom de la capitale de la Nouvelle-Galles du Sud sous la forme « Sidney ») trahissant une relecture bâclée du plus mauvais effet pour un ouvrage publié par des presses universitaires.

À ces réserves près, L’Australie au-delà du rêve est un volume qui sera d’une grande utilité à tous ceux qui souhaitent se familiariser avec la société australienne.

 

Cercles © 2012

All rights are reserved and no reproduction from this site for whatever purpose is permitted without the permission of the copyright owner.

Please contact us before using any material on this website.