Michel Ballard, Versus : La Version réfléchie - Repérages et paramètres (Paris, Ophrys, 2003, 18,00€, 283 pages, ISBN 2-7080-1059-X) - Denis Jamet, Université Jean Moulin - Lyon 3
Selon les voeux de l'auteur exprimés en quatrième de couverture, « cet ouvrage de conception nouvelle, s'adresse aux étudiants faisant de la version de la première année aux concours ». Il s'agit du tome I d'une série de deux volumes, dont le second fera également l'objet d'une recension. Le fait que Michel Ballard fasse de nombreux renvois au tome II, tout comme la numérotation continue du premier et du second tome montrent que les deux volumes sont complémentaires. Le but annoncé dans l'avant-propos est « une présentation des problèmes de traduction (et en particulier de l'anglais vers le français) » [7], c'est-à-dire des problèmes traductologiques propres à la version.
Quant à la terminologie, elle est systématiquement expliquée
dans une langue claire, et exemplifiée lorsqu'elle est rencontrée
dans les divers chapitres ; ainsi, la lecture de cet ouvrage peut-elle s'effectuer
par chapitres, voire par thèmes, donnant à ce recueil une
dimension d'ouvrage de référence (ce qui est d'ailleurs
grandement facilité par l'index en fin de livre), ou bien en
continu.
L'ouvrage de Michel Ballard est composé de douze chapitres, tous suivis de conseils de lecture sous la forme d'une courte bibliographie permettant un approfondissement de certains points traités. À ces conseils bibliographiques spécifiques à chacun des points abordés dans les divers chapitres, s'ajoutent la longue bibliographie en fin d'ouvrage, divisée en ouvrages généraux et ouvrages de nature traductologique, les références du corpus - dont on ne peut que noter la richesse -, ainsi qu'un index qui se révèle des plus utile si l'on utilise le livre comme un ouvrage de référence.
Une importance est accordée à la lecture et à ses potentiels dérapages, ce phénomène étant plus primordial lors de la version que lors du thème. La version met en oeuvre une série de réflexes et de réflexions, d'où l'appellation par Michel Ballard de « version réfléchie ». Les exemples utilisés proviennent soit de traductions publiées (c'est-à-dire commerciales), soit de traductions d'étudiants, dont les erreurs sont sources de réflexion pour l'auteur. Et Michel Ballard sait de quoi il parle : professeur de traduction et de traductologie à l'Université d'Artois, responsable d'un centre de recherche en traductologie (le CERTA), il travaille depuis longtemps dans cette discipline, et publie de nombreux ouvrages consacrés à la traduction et à la traductologie, soit individuellement, soit comme responsable de collectifs de recherche (actes de colloques : Europe et traduction (1998), Oralité et traduction (2001), Traductologie, linguistique et traduction (2003), etc.). Ce long dialogue avec la traduction donne ainsi une solide base scientifique à l'ouvrage mais, et ceci est loin d'être anodin, la pratique enseignante de Michel Ballard permet de proposer un ouvrage extrêmement pédagogique, qui regorge de conseils traductologiques fort utiles pour les traducteurs débutants comme les étudiants, mais également pour les enseignants qui enseignent la traduction, ou qui tout simplement s'y intéressent. Ce que le lecteur linguiste ne pourra manquer de percevoir lors de la lecture de ce premier tome, c'est la grande précision et connaissance des concepts lexicologiques utilisés par Michel Ballard.
Le chapitre 1, intitulé « Aspects de la traduction » rappelle l'importance primordiale accordée au type de texte (informatif, expressif, incitatif, scripto-sonore) qui va conditionner sa réécriture en LA (langue d'arrivée), ainsi qu'à son objet. Comme l'écrit l'auteur : « La traduction consiste à réexprimer un texte à l'aide d'un autre système linguistique que celui dans lequel il a été originellement formulé » [16]. C'est ainsi que la traduction fonctionne « autour de trois pôles d'intervention » : la lecture, la réécriture et la comparaison entre TA (texte d'arrivée) et TD (texte de départ), processus souvent indissociables, mais que Michel Ballard dissocie par souci d'analyse et de réflexion. La lecture du texte à traduire est déjà une lecture avec interprétation - émanant de la subjectivité propre à chaque lecteur, et à chaque traducteur. C'est également lors de cette première lecture que des idées pour la traduction peuvent germer, et c'est pourquoi elle fait partie intégrante de l'acte de traduction, même si elle n'en constitue que le premier stade. Les stades suivants consistent en la reformulation et la réécriture sur le texte d'arrivée dans sa globalité (avec là aussi, la subjectivité propre à chaque traducteur et les impératifs institutionnels), et finalement la comparaison et le jugement d'équivalence, afin que le TA soit aussi fidèle que possible au TD, par le sens, le ton, et l'effet produit chez le lecteur.
Le chapitre 2, « La traduction comme lecture : (1) Les éléments constituants du sens » s'intéresse tout d'abord à la lecture globale pour dégager les repères fondamentaux (type de texte, objet, situation d'énonciation, etc.). Il faut tout d'abord repérer la situation d'énonciation (lieu, temps, personnages), et il est primordial de pouvoir se « faire une image » de l'univers décrit, afin de pouvoir comprendre certains lexèmes dont le sens n'est pas le même en anglais contemporain et en anglais du XVIIIe ou du XIVe siècle, par exemple. Le contexte (c'est-à-dire le monde extralinguistique) est tout aussi nécessaire à la compréhension et à l'interprétation du sémantisme de certains lexèmes, sauf dans certains rares cas, comme la poésie surréaliste, l'hypallage. Ce n'est que lorsque ces analyses auront été effectuées que le traducteur pourra ensuite faire intervenir ses connaissances culturelles (culture, civilisation des pays) afin de traduire correctement. Les nombreux exemples permettent de visualiser et de mémoriser les règles à retenir lors de l'exercice de traduction. Interviennent alors les connaissances linguistiques (lexicales et grammaticales) : au niveau lexical, il faut noter la prise en compte de la dénotation, mais aussi de la connotation qu'il faut rendre, sinon l'on risque une entropie. Les notions de polysémie, de sens propre / sens figuré, etc. sont également abordées, et le chapitre se clôt par des conseils méthodologiques, comme la consultation de dictionnaires. En conclusion, l'interprétation d'un énoncé s'effectue par une combinaison d'éléments : le linguistique, en relation avec le cotexte (linguistique) et le culturel (extralinguistique). Si l'interprétation est nécessaire, elle n'est pas pour autant suffisante, et doit être complétée par la reformulation et la comparaison entre le TA et le TD.
Le titre du chapitre 3, « La traduction comme lecture : (2) Les mauvaises lectures », est révélateur de la totalité de l'ouvrage, en ce que Michel Ballard insiste sur la différence entre la traduction comme exercice universitaire et la traduction comme activité professionnelle, pour lesquelles les exigences et les finalités ne sont absolument pas identiques. Le chapitre se compose de définitions et d'explicitations de notions comme l'omission (vs. effacement), l'ajout (vs. Etoffement), l'ellipse, l'implicite. Est également abordée ce que Michel Ballard nomme la « lecture de l'anodin » : la ponctuation, les majuscules et l'italique. Anodin ? Pas tant que cela, car le traducteur ne peut arriver à la construction du sens que par l'analyse des formes. D'autres notions comme l'ambiguïté sémiotique (homophonie, homographie, paronymie, polysémie, syntagmes exocentriques), structurale et discursive sont également étudiées. Le chapitre se révèle également intéressant en ce qu'il mentionne que, dans un certain nombre de cas, même le recours au cotexte / contexte n'est pas suffisant pour désambiguïser l'énoncé. La traduction n'est donc pas un exercice mécanique, mais met en jeu de nombreux processus d'analyse et de réflexion. Si cette assertion paraît évidente, il nous semble judicieux de le rappeler, car les diverses méthodes proposées par l'ouvrage pourraient parfois laisser croire au traducteur en herbe que l'activité traduisante ne consiste qu'en une simple série de transformations mécaniques, un travers que l'ouvrage évite cependant par la multiplicité des traductions proposées.
Le chapitre 4, « Concepts pour la structuration de l'équivalence », propose une définition de l'unité de traduction, qui ne saurait se laisser appréhender indépendamment de l'acte même de traduction, et qui s'oppose ainsi aux unités de travail. Les divers schémas d'équivalence sont présentés : directe (traduction littérale) ou indirecte (soit au niveau des énoncés (propositionnel), de l'énoncé (phrastique), du groupe de mots (syntagmatique), ou du mot (lexical)). L'auteur insiste sur la créativité du traducteur qui doit réellement réécrire le TD dans un TA, après l'avoir interprété, afin de lui donner une équivalence, qu'elle soit directe ou indirecte. C'est ainsi que pour Michel Ballard, la notion d'« intraduisibilité » n'existe pas, bien qu'il reconnaisse qu'il existe des limites à la traduction.
Le chapitre 5, « Typographie et ponctuation », est extrêmement intéressant et utile, car sont abordés les problèmes de la typographie et de la ponctuation, problèmes peu souvent traités d'un point de vue contrastif dans le détail (si ce n'est par Claude Demanuelli, Points de repère : Approche interlinguistique de la ponctuation français-anglais, Saint Etienne, CIEREC, 1987). De nombreuses réflexions sur la typographie, et plus particulièrement sur les utilisations divergentes entre les deux langues sont présentes : les titres (avec leurs spécificités, essentiellement dans la presse), les paragraphes, les signes typographiques (apostrophe, italiques, majuscules, trait d'union, virgules, et points), le discours direct et les dialogues (essentiellement l'utilisation des guillemets et des tirets qui varie entre les deux langues, mais avec également quelques variations entre l'anglais britannique et l'anglais américain). La ponctuation est abordée par une liste des divers ponctèmes et de leur utilisation en français et en anglais, avec la constante prise en considération de l'effet de sens qu'ils permettent de construire (et l'observation que les textes anglais sont moins ponctués que leurs équivalents français) : les deux points (plus fréquents en anglais qu'en français), les parenthèses, le point, le point d'exclamation (plus fréquent en français qu'en anglais, d'où un ajout de ces derniers lors du passage de l'anglais vers le français), le point virgule, le tiret (qui, de façon assez surprenant vu sa fréquence en anglais contemporain, ne s'est répandu en anglais qu'au XXe siècle), le double tiret (plus fréquent en anglais qu'en français, où ils seront rendus par des virgules, des parenthèses, ou laissés tels quels), et la virgule (plus fréquente en français qu'en anglais, ce dernier étant moins « ponctué »). Michel Ballard note justement que ces ponctèmes peuvent aussi être traduits par des lexèmes (marqueurs lexicaux) ou des grammèmes (marqueurs grammaticaux), ou l'inverse, ce que l'on appelle la « ponctualisation », le remplacement des lexèmes et des grammèmes par des ponctèmes, ce qui sera surtout le cas en version.
Le chapitre 6, « La composante orale en traduction », poursuit la réflexion en insistant sur l'oralité dans les textes écrits, une composante souvent négligée par les étudiants. Plusieurs points sont abordés : les onomatopées (les divers types sont exposés, ainsi que la différence entre les onomatopées consignées dans les dictionnaires (qui relèvent de la langue), et celles d'ordre discursif (qui relèvent du discours), pour arriver à la conclusion que l'anglais est plus imitatif que le français), les sonorités (et les façons de les rendre dans un autre système linguistique), les marqueurs d'oralité, tels les marqueurs typographiques (apostrophe, italiques, tirets), la troncation (plus fréquente en anglais qu'en français), et les marqueurs syntaxiques et stylistiques, le discours rapporté (le discours direct, avec une propension à l'utilisation de verbes hyperonymiques, comme say, rendu soit par d'autres verbes ou bien effacé en français, le discours indirect, et le discours indirect libre, qu'il n'est pas toujours possible de conserver en français, avec la conclusion que les ellipses ne coïncident pas d'une langue à l'autre), et finalement, l'oralité qui entraîne une réécriture pour le traducteur (phénomènes euphoniques et rythmiques).
Le chapitre 7, « Le paradigme culturel », aborde un problème crucial - et rarement traité - sous trois angles : les désignateurs culturels ou culturèmes, ces signes qui renvoient à des éléments d'une culture qui peuvent ou non avoir un équivalent extralinguistique et/ou linguistique dans l'autre langue, et pour lesquels Michel Ballard propose une typologie des diverses possibilités de traduction de ce qu'il nomme les « différences linguistico-culturelles », notant toujours les deux tendances inverses : la traduction acclimatante ou la préservation de la spécificité (différence entre « emprunt » : attesté, « report » : stratégie de traduction, « standardisation » : substitution d'un référent culturel plus connu). L'auteur prend soin de rappeler que le choix dépend du type de texte et de sa fonction. Le rôle de la note (peu utilisée dans les traductions universitaires) et de l'incrémentialisation (introduction dans le texte de mots expliquant le terme) est également abordé. Michel Ballard fournit également de nombreuses équivalences pour les fêtes et mesures de longueur, poids, quantités, ainsi que les monnaies et les systèmes scolaires, ce qui se révèle très utile. Le nom propre est ensuite étudié, sous la forme des anthroponymes et des toponymes, avec de très nombreux exemples. Finalement, les allusions culturelles (allusions à des personnages historiques, citations, comptines) concluent le chapitre.
Le chapitre 8 intitulé « La composante idiomatique (1) Enoncés, expressions et syntagmes » propose une définition des expressions idiomatiques comme du « prêt à dire », d'où une moins grande liberté de la part du traducteur. Sont ainsi étudiés les proverbes (pour lesquels il est rare que le traducteur intervienne, si ce n'est en choisissant l'équivalence établie / idiomatique, sauf en cas de non existence dans l'autre langue, ou pour conserver la couleur locale), les énoncés liés (expressions toutes faites), les expressions idiomatiques (où le choix est également assez restreint pour le traducteur si un seul équivalent existe, ainsi que leur utilisation dans le TA, là où elles étaient absentes dans le TD), et les collocations (pour lesquelles il faut se méfier de la tendance au calque).
Le chapitre 9, « La composante idiomatique (2) Les spécificités des langues », constitue la suite logique du chapitre précédent, en ce que l'auteur considère l'idiomatisme comme la caractéristique commune à toutes les langues. Ce principe est abordé sous trois angles : tout d'abord, le lexique, avec le cas des mots qui n'ont pas d'équivalent formel, et ceux qui en ont un mais dont le sens ne coïncide que partiellement ; ensuite, la morphologie, avec les différentes « matrices lexicogéniques », pour reprendre le terme de Jean Tournier, telles la conversion, l'affixation, la composition - dont les phrasal verbs -, et finalement les catégories, comme l'opposition verbo-nominale, pour laquelle Michel Ballard note que s'il est vrai que généralement le français est plus nominal que l'anglais, ce n'est que dans certains cas, et que certains agencements syntaxiques contraignent le traducteur à changer un nom anglais en un verbe français. Est également abordée la plus forte utilisation de l'adjectif en anglais, rendu souvent en français par un syntagme prépositionnel, le rejet des adverbes en -ment pour traduire un adverbe en -ly, etc. Finalement, l'énonciation et la syntaxe, dont l'examen est assez rapide, car il fera l'objet d'une étude plus approfondie dans le tome II : sont ici abordées certaines structures de focalisation (l'ordre canonique, le passif, la préférence du français pour une prédication à partir de l'animé humain, etc.), et des structures et constructions qui n'existent pas dans l'autre langue, également étudiées plus en détail dans le second tome : les séries d'adjectifs, le cas possessif, l'infinitive accusative, les prépositions + conjonctive.
« La composante sociolinguistique : variétés d'anglais et niveaux de langue » forme le chapitre 10, dans lequel sont étudiées les variétés géographiques, comme les différences entre l'anglais américain et l'anglais britannique, du point de vue orthographique, lexical (Michel Ballard fournit une longue liste fort utile des exemples les plus fréquents), grammatical (les participes passés par exemple), mais aussi les dialectes et régionalismes (et la difficulté à les rendre, voire même à les conserver). Sont ensuite abordés plus en détail les niveaux de langue et registres, qui sont selon l'auteur des notions assez difficiles à définir : combien de niveaux de langue existe-t-il ? Quelle est la norme ? Le niveau de langue se situe sur le plan de l'origine sociale, alors que le registre englobe le niveau de langue, mais aussi les langues de spécialité (technolectes), et les diverses utilisations rhétoriques. Les divers niveaux de langue sont ensuite passés en revue, avec des exemples de traduction, et des méthodes (par exemple, pour rendre les élisions marquant un style relâché, populaire en anglais, il y aura souvent des contractions, souvent sur d'autres termes, en français). Sont également mentionnés les insultes, l'euphémisme, ainsi que la dimension diachronique. Finalement, les décalages de registre en traduction sont abordés avec des cas pratiques, par exemple lorsqu'il n'existe pas de terme de même registre en LA, le traducteur choisira souvent le terme de la langue courante.
L'avant-dernier chapitre, le chapitre 11, « Sociolinguistique et communication », propose une étude de divers phénomènes : l'interjection (parfois polysémique, et dont la traduction va dépendre du contexte) dont Michel Ballard propose une typologie et les types d'équivalence ; suivent les appellatifs et leurs fonctionnements divergents, en anglais par exemple où ils ne prennent jamais de déterminants, contrairement au français, ou bien leur plus fréquente utilisation en anglais qu'en français, d'où parfois leur non-traduction lorsque l'on traduit vers le français ; puis la relation intersubjective, comprenant deux parties : la tendance à un discours plus impersonnel en français qu'en anglais, et la distinction tutoiement - vouvoiement absente en anglais de façon grammaticale ; finalement, les reprises par auxiliaire, comme la traduction des tags qui passe par plusieurs choix en français : adverbes, interjections, brefs énoncés, etc.
Le chapitre 12, « La traduction comme contact de langues », constitue le dernier chapitre du tome I et traite des contacts entre langues, et naturellement de leurs rapports avec la traduction. C'est tout d'abord la matrice lexicogénique de l'emprunt qui est abordée en rapport avec l'activité traduisante ; en effet, le traducteur doit être conscient de certains écarts créés lors de l'intégration du terme, car le sens et l'extension des deux termes ne coïncident pas toujours. Michel Ballard donne de nombreux exemples d'emprunts de l'anglais au français, et du français à l'anglais, ainsi que des exemples de pseudo-emprunts, ou faux anglicismes, ces mots qui sonnent anglais mais qui ne le sont pas, sorte de « Canada-dry d'anglais » qui doit inciter le traducteur à la méfiance. Il étudie ensuite l'interférence, qui résulte d'une tendance erronée au calque par les ressemblances orthographiques, les faux amis complets ou partiels, avec de nombreux exemples exhibant la faute d'orthographe, l'impropriété, le faux sens et le barbarisme.
Que dire en conclusion d'un ouvrage si dense ? Tout d'abord, que Michel Ballard a raison de considérer son manuel comme un ouvrage de conception nouvelle, car les thèmes abordés le sont, et ne sont que trop rarement traités dans les autres ouvrages de traduction ou de traductologie. S'ils le sont, c'est trop souvent de façon disséminée, mais non de façon quasi-exhaustive comme c'est le cas dans ce livre. Les nombreux « outils » de la traduction sont ainsi recensés, ce qui donne vraiment à ce livre une dimension d'ouvrage de référence. Les diverses traductions proposées, classées selon leur degré d'acceptabilité, ainsi que les règles édictées prudemment évitent la sur-généralisation et, à notre avis, peuvent donner confiance au traducteur en herbe, souvent découragé lorsqu'il traduit un texte en cours.
Que l'on s'intéresse à la version, ou même au thème, ce recueil ne peut être qu'enrichissant. C'est donc un ouvrage à conseiller à tous les étudiants anglicistes - et aux enseignants - dont la lecture stimulante ne pourra qu'éveiller leur intérêt - et maintenir leur attention - face à cet exercice parfois périlleux, mais ô combien formateur et passionnant, que représente la traduction.